SOURCE DES AUTRES PHOTOS:
http://www.thematrix-fr.com
Le site fraçais de référence de la trilogie.
Et le site officiel de Warners Brothers http://whatisthematrix.warnerbros.com/

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ON AVAIT QUITTÉ KEANU REEVES EN TRAIN DE S'ÉLEVER DANS LES AIRS, accompli, déterminé. Matrix Reloaded reprend l'histoire exactement là où le premier Matrix l'avait laissée. Mais la note d'espoir va vite se révéler passagère: les machines ont réussi à localiser Zion, cachée au centre de la Terre, et détachent des milliers de sentinelles pour la réduire en cendres. Le seul espoir des humains est de mettre la main sur le Maître des clés, un petit Asiatique à lunettes gardé précieusement par Merovingian (Lambert Wilson), éminence diabolique de la Matrice.

Sur le chemin des rebelles se dresseront également les Jumeaux, deux guerriers albinos à dreadlocks qui ont la faculté de se volatiliser et de réapparaître tels des fantômes. L'agent Smith (Hugo Weaving) ne sera pas en reste puisqu'il peut désormais se démultiplier, à l'image d'un virus informatique. L'occasion pour les frères Wachowski d'orchestrer une scène de combat, forcément anthologique, où Neo affrontera cent agents Smith. Cent! Revolutions, troisième volet de la série, se déroulera entièrement en dehors de la Matrice.

Un véritable film de guerre dont les batailles prendront place dans les ruines enfumées du monde réel. Le producteur Joël Silver promet une conclusion épique sous la forme d'une scène d'action de presque vingt minutes dont le coût s'élève aux deux tiers du budget du premier Matrix.

CONSTRUIRE SON AUTOROUTE

Nous vous en avions déjà parlé: l'une des scènes les plus impressionnantes de Realoaded aura lieu sur une autoroute, alors que Morpheus et Trinity tentent d'extraire le Maître des clés de la Matrice. Le seul endroit qui s'y prête est une cabine téléphonique située à quelques miles plus loin sur le bord d'une autoroute.

Évidemment, dans la Matrice, c'est le dernier endroit où il faut être, chaque conducteur étant pour les agents un corps potentiel à habiter. Bilan: deux combats de kung-fu dans des véhicules lancés à pleine vitesse-l'un au sommet d'un camion, l'autre à l'arrière d'une Cadillac - ainsi qu'une poursuite à moto.

Suffisamment de tôle froissée donc pour emplir une dizaine de casses. Comme dirait le directeur de la photo Bill Pope, "de quoi faire passer Fast and Furious pour La Coccinelle à Mexico." Après plusieurs semaines consacrées à rechercher en vain une portion d'autoroute qui pourrait accueillir le tournage, les ~Wachowski ont finalement décidé d'en construire une. Et engagent une équipe chargée de bâtir une boucle de 2 miles sur une ancienne base navale californienne.

Les constructeurs ont d'abord cru à un canular. "Ils nous ont dit qu'ils ne le feraient pas, se souvient le producteur exécutif Grant Hill. lis n'arrivaient pas à croire (que c'était pour un film et nous ont demandé si on avait la moindre idée de ce que ça allait coûter." Bonne réponse: 300,000 dollars par quart de mile. "On s'est regardé et on s'est dit: "OK, on peut le faire".

QUITTE OU DOUBLE

Avec 171 millions de dollars de recette aux États-Unis et 4,721,000 entrées en France, Matrix, premier du nom, est un indéniable succès. Mais pas un carton comparé à Harry Potter, Star U/ars ou au Seigneur des anneaux. Ce sont véritablement les 25 millions de vidéos et de DVD écoulés qui ont fait de Matrix un tel phénomène. Mais l'investissement que représentent les deux suites (plus de 300 millions de dollars) constitue toujours un risque.

Tout comme le fait de sortir le troisième volet six mois à peine après le deuxième. "Ça n'a jamais été fait, souligne Joël Silver. Nous avançons donc en terrain inconnu. Je crois que le meilleur argument de vente pour le troisième épisode, c'est le deuxième." Sous-entendu: les deux filets n'en font qu'un. "C'était difficile surtout de réussir à donner à chaque film une construction dramatique qui respecte à la fois les conventions du genre et la structure de l'ensemble, ajoute Silver. Le deuxième film s'arrête au milieu d'une scène qui reprend au début du troisième. Un pur moment de filmus interruptus, croyez-moi. C'est pour ça que nous avons décidé de les sortir à des dates aussi rapprochées. S'il avait fallu attendre plus longtemps, les fans auraient tout simplement voulu notre peau." Rappelons toutefois à Silver que Retour vers le futur 2 et 3 étaient sortis, eux aussi, à six mois d'intervalle avec, comme résultat, une perte du quart des entrées du troisième par rapport au second.

SATURATION

Si les concepteurs de Matrix sont inquiets à l'idée de combler l'attente de fans qui se comptent en millions, ils sont également conscients des dangers d'une overdose. C'est une de nos préoccupations, concède Joel Silver. L'excès existe." Ce qui n'empêchera pas la sortie, le même jour que Reloaded, d'un jeu vidéo nommé "Enter the Matrix". "Les personnages qu'interprètent Jada Pinkett Smith et Antlrony Wong sont les vedettes du jeu, éclaire Joël Silver. Ils ont des interactions avec Ies autres personnages sur une trame parallèle à l'histoire développée dans le film. Il y a des scènes qui commencent dans le jeu et finissent dans le film, et inversement. Il y a plus d'une heure de vidéo, écrite et réalisée par les Wachowski, qui est exclusive au jeu..." En plus des nouvelles lunettes, figurines et d'un téléphone Samsung , "pour faire comme dans le film", une initiative nettement plus excitante a été mise en oeuvre. Son nom? Animatrix, soient neuf courts métrages d'animation commandés à d'éminents réalisateurs asiatiques chargés de développer la mythologie Matrix. Trois d'entre eux ont été écrits par les frères Wachowski, qui ont supervisé le projet. Un recueil des neuf films sera édité en DV D au mois de juin. Le premier, The Second Renaissance, raconte la chute de la race humaine face aux machines, dans un flot d'images qui convoquent toutes les horreurs des 4011 dernières années: esclavage, lynchages, émeutes raciales, guerre nucléaire... Dense et impressionnant.

EFFET GARANTI

Alors que le premier Matrix comprenait 412 plans d'effets spéciaux, les suites en affichent plus de 2 500, dont certains auront nécessité trois ans de travail. Un investissement de 100 millions de dollars. John Gaeta (lauréat d'un oscar pour le premier Matrix) a pu mettre ainsi au point un procédé qu'il a nommé "cinématographie virtuelle". En gros, cinq caméras numériques haute définition (assez précises pour distinguer pores et follicules) capturent la performance d'un acteur, et les images sont envoyées dans un ordinateur qui, à l'aide d'un algorithme complexe, va calculer l'apparence de l'acteur à tous les angles que les caméras ont ratés. "Une fois la performance enregistrée, explique Gaeta, nous pouvons l'utiliser pour créer une action, un combat d'arts martiaux par exemple. Mais ça pourrait être n'importe quoi." Une nouvelle étape vers l'acteur virtuel. Mais qu'en pense l'acteur réel? "Quand vous signez pour faire un film, vous donnez votre accord pour faire ce qu'on attend de vous, concède Keanu Reeves.
"Vous tournez une scène; ensuite, le réalisateur et le monteur font certains choix".

Mais vous avez participé à créer ce qui va être sur l'écran. Ce qui va probablement arriver -ce que j'aimerais bien voir se passer en tout cas , c'est que les acteurs seront consultés en postproduction pour donner leur approbation sur ce qu'on leur a fait faire numériquement. C'est une nouvelle évolution du cinéma où les choix de l'acteur ne seront plus seulement internes, mais aussi externes. Bientôt, on pourra vous faire faire n'importe quoi grâce aux ordinateurs. On va assister à l'avènement de ce que Marlon Brando avait vu venir à l'époque de Superman, quand il a dit: "Je vais rester chez moi et vous pouvez me donner " 5 millions de dollars pour avoir le droit d'utiliser mon image de marque."

La guerre entre l'homme et la machine au rait-elle envahi le plateau? "Un nouveau marché pour ce que j'appelle le culte du réel va certainement se créer, ajoute Reeves. Si bien que le fait qu'un film soit fait avec de vrais acteurs, qui jouent vraiment, deviendra un argument de vente..." Conscients des questions éthiques que pourra soulever une telle avancée technologique, John Gaeta s'empresse de rappeler ses priorités: "J'ai entendu des membres de l'équipe technique de Star Wars fanfaronner à propos de plans à 97 % numériques. Mais, à tous les points de vue, ces films sont sans âme. Ça n'a fait que nous conforter dans notre philosophie: l'histoire commande tout."

LES BOYS

Là où la majorité des gros films de studio s'assurent que stars et réalisateurs se rendront disponibles pour la promotion, la Warner s'est retrouvé dans un cas de figure inédit. Dans leur contrat, les frères Wachowski ont une autorisation de sécher les interviews. Ils préfèrent "laisser leur travail parler pour eux" et leur biographie, qui se contente de révéler qu'ils travaillent ensemble depuis plus de trente ans, s'achève sur un elliptique "peu de choses sont connues à leur sujet". Ha, si: Larry aime le vin tandis qu'Andy préfère la bière.

En fait, les boys-c'est leur petit nom -ont signé une procuration à leur producteur Joel Silver. Affable et mégalo, c'est l'ambassadeur idéal. L'homme n'a pas son pareil pour n'employer que des superlatifs, de "nos films ne rencontrent aucune compétition cette année" à "nous redéfinissons le cinéma pour les années à venir". Le pire, c'est qu'il sait pertinemment que nous risquons de le croire.

"Matrix Reloaded" & "Matrix Revolutions" d'Andy et Larry Wachowski. Sortie prévue le 15 mai.