La stratégie de la torture

IRAK : LA HONTE

Voici divers témoignages qui démontrent la décadence totale de la guerre et de la soi-disante civilisation actuelle, au nom de principes religieux, économiques, militaires et humanistiques. Ces témoignages vous ne les retrouverez pas dans les médias qui s'efforcent ou sont forcés d'étouffeR l'affaire des sévices fait aux prisonniers irakiens (et afghans dont on ne fait aucune mention).
D'accord ou pas avec les principes ou dogmes utilisés pour se donner raison à faire la guerre, les mesures barbares, sauvages, sadiques et inhumaines utilisées sur quelqu'humain qui soit, pour quelque raison que ce soit, est inaccetable ET L'HUMANITÉ SE DOIT DE RÉAGIR face à ces abominations. Tout comme je répudie la Sharon(gne) qui gratuitement et pour une raison débile (stopper le traffics d'armes, ou de tire-frondes dan sla bande de Gaza) a détruit des dizaines de maisons, assassiner (encore ce matin aux news, un hélico israëlien du haut des airs lancait quatre missiles en direction de la foule. C'ets du délire totale qui ne nous mènera qu'à une confrontation mondiale raciale dont on a rien à foutre. Le planète coule et au lieu d'aider, c'est "sauve qui peut" et toi tu crèves. Quel bel avenir Mr. Sharon(gne) est-il en train de nous préparer ? Le problème est qu'il reçoit ses ordres d'"en-haut" (Rothchild), tout comme Bush (Skull & Bones - Crane & Os) et bientôt le nouveau J. F. K, (John F. Kerry, Crane & Os également) qui reçoivent tous leurs ordres d'"en haut" (Le Gouvernement Secret).

Il n'y avait pas seulement 7 "soldats" qui étaient impliqués dans les sévices fait à ces prisonniers mais des dizaines... C'est ce qui est apparu ce matin aux nouvelles ABC. Passera-t-on les agents des Services Secrets qui ont commandé ces mesures atroces ? J'e doute que vous en entendiez même parler. De voir ces gens ce matin affolés courant dans la rue avec des enfants mutilés dans leurs bras, je dois vous dire que j'en ai eu mal au coeur. Nous devons nous mobiliser verbalement pour s'affirmer contre les mesures d'Israël, des É-U et du R-U dans cette guerre contre le terrorisme qui n'est rien d'autre que l'appropriation des richesses naturelles et des humains de tous les pays concernés par l'impérialisme de quelque nation qu'elle soit. La cour mondiale devrait servir à mettre ces gens derrière les barreaux pour toujours... mais les médias avide dans leur Égo de bien paraître aux yeux de Big Brother et de l'Élite mondiale deviennent des prostituées qui se vendent à bon marché. Le problème est que j'ai bien plus de respect pour une prostituée que pour tous ces gens-là mis ensembles. Et les soldats qui disent avoir été ordonnés de commettre ces crimes de guerre ne savaient pas que la loi militaire protège tout soldat de refuser d'obeïr à un ordre ou commandement qui va contre les morales et lois universelles. Alors vive les braves soldats qui accepteraient d'être congédiés et déshonorés de l'armée pour des raisons humanitaires.

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Voici le lien de la page en anglais d'où j'ai pris la nouvelle:
http://truthout.org/docs_04/051904AA.shtml
Voici le même texte traduit par logiciel Systran sans corrections:

' certainement un cover-Up '
Par Brian Ross et Alexandra Salomon
ABCNEWS.com
Mardi 18 Mai 2004
L'ancien rédacteur d'Abu Ghraib Intel dit la participation cachée par armée dans le scandale d'abus
Des douzaines de soldats - autre que les sept réservistes de police militaire qui ont été chargés - ont été impliquées dans l'abus à la prison d'Abu Ghraib de l'Irak, et il y ont un effort en cours dans l'armée de le cacher, un témoin principal dans la recherche dite ABCNEWS.
" il y a certainement un cover-up, " le témoin, sgt. Samuel Provance, dit. les " gens se disent ou étant dit d'être silencieux."
Provance, 30, faisait partie du 302nd bataillon d'intelligence militaire posté chez Abu Ghraib septembre passé. Il a parlé à ABCNEWS en dépit des ordres de ses commandants pas à.
à " ce que j'ai été étonné étais le silence, " a dit Provance. " le silence collectif par tant de personnes qui ont dû être impliquées, celle a dû avoir vu quelque chose ou avoir entendu quelque chose."
Provance, maintenant posté en Allemagne, a couru le réseau informatique secret supérieur employé par intelligence militaire à la prison.
Il a dit qu'alors qu'il ne voyait pas l'abus réel avoir lieu, les interrogateurs avec qui il a travaillé librement a admis qu'ils ont dirigé le traitement approximatif de MPs' des prisonniers.
" quelque chose [ le MPs ] devaient faire légalement ou autrement, ils devaient prendre ces commandes des interrogateurs, " il a dit.
Les hauts fonctionnaires militaires ont réclamé l'abus vu dans les photos chez Abu Ghraib ont été limités à quelques MPs, mais Provance indique que le humiliation sexuel des prisonniers a commencé comme technique commandée par les interrogateurs de l'intelligence militaire.
" un interrogateur m'a dit qu'au sujet de la façon dont généralement les détenus étaient nus dépouillé, et dans quelques occasions, portant les sous-vêtements des femmes, " Provance ait indiqué. " s' il est votre travail de dépouiller des personnes nues, il hurle à elles, crie à elles, les humilie, il n'va pas être trop difficile de déplacer de cela à un autre niveau."
Selon Provance, une partie de l'abus physique qui a eu lieu chez Abu Ghraib a inclus des soldats des ETATS-UNIS " frappant [ des prisonniers ] sur le secteur de cou quelque part et de la personne étant frappée dehors. Alors [ le soldat ] irait au prochain détenu, qui serait très craintif et exprimant leur crainte, et au MP le calmerait pour avaler et dire, ' nous n'allons pas faire cela. Elle est CORRECTE tout très bien, ' et fait alors l'exact la même chose à lui." Provance a également décrit un incident quand deux interrogateurs ivres ont pris un prisonnier irakien féminin de sa cellule au milieu de la nuit et l'ont dépouillée nue à la taille. Les hommes plus tard ont été retenus par un autre MP
Le Pentagone Sanctionne La Recherche
Commandant. GEN. La fée de George, le sous-chef de l'armée du personnel pour l'intelligence, a été affectée par le Pentagone pour étudier le rôle de l'intelligence militaire dans l'abus à la prison de l'Irak.
La fée a commencé sa sonde avril 23, mais Provance a indiqué quand la fée l'a interviewé, le général semblé intéressé seulement dans la police militaire, pas les interrogateurs, et semblé le décourager du témoignage.
Provance a indiqué la fée menacée pour agir contre lui pour échouer au rapport ce qu'il a vu plus tôt, et les craintes de sergeant qu'il sera ostracized pour parler hors de.
" je sens comme je suis puni pour être honnête, " ABCNEWS dit par Provance. " vous savez, il était presque comme si je me suis senti réellement si tous mes rapports étaient déchiquetés et je disais, comme la plupart de tout le monde autrement, ' je n'entendais rien, je n'ai vu rien. Je ne sais pas de ce que vous parlez, ' alors ma vie serais juste très bien en ce moment."
Dans la réponse, les fonctionnaires d'armée ont déclaré que c'est " procédé courant pour conseiller le personnel militaire sous la revue investigatrice " de ne pas commenter.
Les fonctionnaires dits, cependant, qui ajustent et les militaires ont été commis à une recherche honnête et détaillée sur ce qui s'est produit à la prison.
Mais Provance croit que beaucoup impliqués ne peut pas être comme prochain avec l'information.
" je dirais que beaucoup de personnes sont se cachantes et souhaitantes probablement à Dieu que cet orage passe sans elles devant être étudié [ ou ] personnellement regardé."

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Voici maintenant ces témoignages qui dévoilent une vérité ou plutôt une réalité dont vous avez très peu de notions, à moins d'avoir été à Abou-Ghraid en personne.
Avis aux coeurs sensibles: s'abstenir.

Ils s’appellent Walid, Souhaib, Abdulkarim. A Abou Ghraib, Samara,
Kazzamiya, où ils étaient détenus, ils ont subi l’humiliation, la violence,
la cruauté de leurs geôliers-bourreaux américains. Leurs témoignages,
recueillis par notre envoyé spécial Jean-Paul Mari, confirment que les
tortures infligées aux prisonniers irakiens n’étaient pas des bavures
imputables à une poignée de sadiques, mais une pratique systématique…

Walid Sobhi, 48 ans, mécanicien, six mois à Abou Ghraib

«Les femmes aussi torturaient»

Il n’aurait pas dû vivre près de cette caserne irakienne bombardée pendant
la guerre, ni laisser son gosse, attardé mental, ramasser des débris de
roquettes, ni avoir cette vilaine tête d’islamiste, front bombé, râpé, barré
d’une cicatrice. Il n’aurait pas dû garder chez lui des moteurs électriques
et surtout des rouleaux de fil de cuivre. Mais Walid vit à Daura, banlieue
de Bagdad; il est pieux, et mécanicien spécialisé dans la réparation des
générateurs. Ils sont arrivés le 6 novembre à 10 heures du matin, une
cinquantaine de soldats américains, ont vu le fil de cuivre et un débris de
roquette: «Toi, tu fabriques des bombes!» On l’a traîné dehors avec son
frère et ses deux gamins, jeté dans un Humvee et conduit à la caserne près
du pont à deux niveaux. Là-bas, un militaire le prévient: Walid va être
interrogé par une femme; au moindre problème, il sera frappé. «Es-tu
sunnite, chiite, wahhabite, membre du parti Baas?» Il est sunnite, membre de
la grande tribu des Al-Doulaimi. On lui remet un bracelet en plastique,
grossièrement orthographié: «Al Delami Waleed Sabah - US9IZ - 152 895 CI-
12/11/2021 - Sex: M - Grade: Geneva Category». Puis on le jette avec dix
autres détenus dans un box d’une ancienne écurie.
Mise en condition: quatre jours assis jambes pliées, mains sur les cuisses,
dos droit, regard fixe, interdiction de bouger. A l’issue, un sac plastique
sur la tête et transfert à la sinistre prison d’Abou Ghraib. Là-bas, les
gardiens et des femmes-soldats le reçoivent à grands coups de pied dans le
bas-ventre et de coups de tuyau en plastique sur le sexe. Face au mur,
jambes écartées, un homme puis une femme lui font une fouille rectale. Il en
blêmit encore: «Quelle insulte!» Un soldat lui pointe sur la tête le canon
de son revolver doté d’un rayon laser rouge, grossier simulacre d’exécution:
«On va te tuer… Pan! pan!» Les prisonniers sont répartis par groupes de 750
par tente, certains sont là depuis dix ou onze mois. Autour d’eux, une
rangée de 4mètres de barbelés: interdiction d’approcher. Au-dessus, des
miradors et des haut-parleurs. Walid marche un peu trop loin. Les soldats le
jettent au sol, à plat ventre, enchaîné, pieds et coudes liés très serré
dans le dos. On le soulève par ses liens avant de le laisser tomber, une
fois, deux fois, dix fois: un brise-reins. Walid n’a pas été appelé aux
interrogatoires, mais ceux qui en revenaient étaient reconnaissables: visage
et corps couverts d’ecchymoses, poignets, chevilles et épaules abîmés à
force d’avoir été suspendus en l’air. Arrive le ramadan. Les prisonniers
manifestent, dépêchent un homme qui parle anglais. Les Américains installent
de petites caméras: «Des miradors, ils ont tiré. Trois hommes sont morts.»
Un homme blessé à la jambe devra être amputé. «Ensuite, ils nous ont
encerclés avec des chiens bergers allemands.» La manifestation est terminée,
les tentes sont fouillées, tout est renversé, brisé, et les détenus sont
battus à coups de pied et de matraque électrique.

Entre juin et janvier, il y a eu officiellement 17mutineries à Abou Ghraib.
Des médecins visitent les tentes. On leur amène des hommes épuisés, blessés,
portés roulés dans des couvertures: «Celui-ci n’a rien. Suivant!» Un vieux
paysan est opéré du cœur. Peu après, des gardiens le frappent sur ses
cicatrices et lui brisent plusieurs côtes. A côté de Walid dort Sami, 29
ans, un nomade de la tribu des Al-Enzi, de la région d’Al-Djazira au
sud-ouest. Les soldats ont volé son or et ses dollars, arrêté 125 membres de
sa tribu en épargnant un aveugle et un patriarche. «Quand il est arrivé dans
la tente, il était dans un sale état, en sang, brisé par vingt-sept jours de
torture», dit Walid. Accusé de «terrorisme», les gardiens l’ont laissé nu,
dehors, en hiver, puis l’ont attaché pieds et mains serrés dans sa cellule.
Le nomade raconte être resté des jours et des nuits sans jamais sortir,
baignant dans son urine et ses excréments. Le plus dur est ce caisson placé
sous un mirador. Les récalcitrants sont enfermés là, puis les gardiens
tapent longuement à coups de marteau sur la tôle: «De quoi vous rendre
sourd.» La Croix-Rouge a envoyé trois délégations: «On a raconté en détail
ce qui se passait. Après leur départ, ceux qui s’étaient plaints ont été
torturés à la matraque électrique.» Des détenus transférés lui affirment qu’
Abou Ghraib n’est pas si terrible par rapport à la prison d’Al-Bagdadi, bien
après Fallouja et Ramadi, vers la frontière syrienne. Là-bas, les détenus
restent à genoux six heures, un bâillon de tissu plein d’excréments serré
sur la bouche pour les empêcher de vomir; ils sont gavés d’eau avec un tuyau
en plastique ou portent deux lourdes caisses accrochées à un bâton sur la
nuque, quatre heures de torture, deux heures de repos, quatre heures... des
jours entiers. Quant à ceux qui arrivent de la prison d’Al-Habbaniya, à 15
kilomètres après le pont de Fallouja, ils racontent l’histoire d’Abou Samir,
vieillard suspendu trois jours par les bras à une porte, les épaules luxées,
et qui a fini par en mourir.

Souhaib al-Baz, 24 ans, journaliste, trois mois à Samara et à Abou Ghraib

«Un bourreau nommé Snider»

L’important pour un reporter est d’arriver très vite sur les lieux d’un
attentat. Le 13 novembre à 20h30, un convoi américain vient d’être attaqué
vers Samara. Dans sa voiture, avec son équipe télé d’Al-Jazira, Souhaib
fonce sur la grand-route. Avant d’arriver à Samara, une patrouille les
contrôle. Trois journalistes, un chauffeur, une caméra, un téléphone
satellite et des cartes de presse: tout est en règle. Soudain, un soldat
bondit du Humvee, pointe son arme en hurlant et leur passe des menottes en
plastique. Stupéfaction. Au poste de police de Samara transformé en camp
américain, Souhaib est accueilli par un colosse en tee-shirt kaki et
pantalon de treillis, sans insigne, tatoué d’un aigle sur le bras, blond,
yeux verts enfoncés dans les orbites, l’air mauvais, très grand: «Je lui
arrivais à peine à la poitrine», dit Souhaib. Un instant, le journaliste
croit avoir été reconnu: «Ah! Al-Jazira!» Le colosse le serre
chaleureusement dans ses bras, puis il lui met… une cagoule sur la tête.
Trois heures debout face à un mur et premier interrogatoire: «Nom? Prénom?
Profession?» Et à chaque réponse… «Tu mens! Tu mens encore, salopard!»
Re-cagoule. Le colosse hurle à son oreille: «Guantanamo, tu connais?» Il lui
cogne violemment la tête contre le mur: «Oublie ta vie, ta famille! Tu n’as
plus de futur!»

Le deuxième interrogatoire est plus dur: doigts en fourchette dans les yeux,
coups de poing, tête contre le mur, puis le colosse pose ses lourds rangers
sur son ventre: «Certains peut-être respectent les journalistes. Moi, j’en
ai rien à foutre!» Re-cagoule et station face au mur. Chaque fois qu’un
soldat passe, Souhaib reçoit un coup ou une menace: «Guantanamo!» Le colosse veut lui faire crier: «Bush good! No Saddam!» Souhaib, choqué, réagit: «No Bush, no Saddam!» Il prend aussitôt une raclée et finit par céder, honteux.
Transfert par hélicoptère vers l’aéroport de Bagdad. Au moment de monter, le
colosse lui envoie un énorme coup de botte dans les reins, Souhaib, blessé,
s’effondre. A l’aéroport de Bagdad, on les laisse grelotter de froid la nuit
avant de les mettre dans une caravane violemment éclairée. Souhaib, qui ne
dort pas, voit se promener dans le parc des prisonniers célèbres, Tarek Aziz
et Taha Yassin Ramadan.

Nouveau transfert, cette fois vers Abou Ghraib: «Là, l’enfer a commencé.» A
l’arrivée, à genoux, cagoule sur la tête, il entend l’écho des pas dans une
grande salle puis des bruits répétés de culasse d’arme près de son oreille:
simulacre de tirs, simulacre d’exécution. Ses mains sont paralysées par les
liens en plastique si serrés qu’il faut les découper, en lui écorchant les
poignets au passage. On veut le déshabiller, Souhaib essaie de garder son
slip, prend une raclée et se retrouve nu dans une cellule obscure d’un mètre
et demi de long avec, pour toilettes, un trou dans le béton. 54 jours
enfermé, dont 35 sans se laver, avant une douche glaciale en hiver à 4
heures du matin. Dans le couloir, les gardiens adorent faire des photos, ils
forcent les prisonniers à fumer au-delà de la nausée, leur font porter
pendant des heures de lourds jerricans ou les font sauter, pieds et poings
liés, jambes pliées, «par petits bonds, comme des lapins!». Certains
commencent à perdre la raison. Comme ce détenu, isolé, qui entend la nuit,
sa sœur de 12 ans hurler devant son cachot: «Ils me déshabillent! Ils me
battent! Aide-moi, mon frère!» Parfois, ils lâchent leurs chiens bergers
allemands sans muselière sur des hommes, mordus à plusieurs reprises. Un des
bourreaux, nommé «Snider», s’acharne chaque nuit sur un détenu arrivé mince
et dont le corps couvert d’ecchymoses, gonflé d’œdèmes est devenu informe.
Les soldats cognent, les femmes-soldats cognent sur les multiples blessures
d’un vieillard touché par une explosion et le laissent nu, inconscient, en
sang. «Des histoires comme ça, des faits, je pourrais t’en raconter pendant
des heures…», dit le journaliste. Il a d’ailleurs essayé de prendre des
notes, de voler des entretiens, de tenir un journal, une chronologie écrite,
mais les gardiens l’ont découvert et lui ont tout confisqué. On ne l’
interroge plus, on le frappe, on l’insulte, on le menace et on lui ment:
«Hé! tu sais que le bureau d’Al-Jazira a été fermé? Tous tes collègues sont
arrêtés, ici, en cellule! Certains ont été abattus!»

Avec le temps, la nourriture infecte, la soif, le froid, les cris incessants
des prisonniers qui hurlent, se plaignent et supplient, Souhaib finit par
perdre la notion du jour et de la nuit. Il a 24 ans, en paraît bien dix de
plus, toujours épuisé, les yeux rouges et gonflés, et sa plaie aux reins s’
est infectée. Choqué, aujourd’hui encore. Un matin, le 28 janvier, ils l’ont
relâché: «Surtout, ne reviens pas ici. Tu n’en sortirais plus!» A la porte d
’Abou Ghraib, aveuglé par la lumière, Souhaib a pris un taxi. Et il a
rejoint sa rédaction au centre de Bagdad.

Cheikh Abdulkarim, 45 ans, imam, une semaine en enfer au centre de Kazzamiya

«Je me rappelle un officier très poli»

C’est une très belle mosquée, aérée et calme, avec une fontaine, un jardin,
des allées fleuries. Dans le quartier de Yarmouk, à Bagdad, la mosquée Omar
al-Moktar est célèbre pour la tolérance de son enseignement du Coran, ses
cours d’artisanat pour les femmes et la modernité de ses ordinateurs. Son
cheikh est lui aussi très connu, trois fois diplômé du Collège des Affaires
religieuses, du British Institute et de l’Institut du Pétrole, usé par l’
étude, sage vieillard à barbe blanche de 45 ans à peine. Et malade, très
malade: quatre pontages cardiaques, hypertendu, insuffisant rénal et
récemment opéré d’une hernie. Ce qui ne l’empêche pas à chaque prière du
vendredi d’appeler ses fidèles à la résistance contre l’occupant.
Le 7 novembre à 10 heures du soir, six Humvee et une quarantaine de soldats
investissent les lieux: «Je leur ai dit que la force n’était pas
nécessaire…» Un officier prétend avoir découvert une bombe dans la mosquée.
Un grand soldat noir tire du lit sa petite fille et son fils de 8 ans,
Mohammed; le gosse hurle, le soldat le gifle. Devant sa famille, le cheikh
est allongé au sol, en chemise de nuit, la tête recouverte d’une cagoule. On
l’emmène à l’ancien «palais à quatre têtes» de Saddam Hussein où un Irakien
masqué l’interroge: «Je lui ai dit que j’étais l’imam d’une mosquée de
Bagdad, la ville que les Américains occupent, brûlent et détruisent!» L’
autre le frappe au visage, sur les yeux, à la tête et dans la région du
cœur. Le cheikh fait un malaise cardiaque et s’effondre. On lui retire sa
cagoule, il reprend connaissance et entend l’homme masqué dire: «J’ai cogné
très fort. Faut emmener ce type à l’hôpital.» Face au médecin, il relève sa
gandoura et montre les cicatrices toutes fraîches de son opération. Ses
plaies saignent. Le docteur écrit que sa vie est en danger et l’officier s’
énerve: «Changez-moi ce rapport!» On l’enchaîne dans une cellule, face à une
ration militaire immangeable pour le malade. Il demande des sandales pour
aller aux toilettes, selon l’usage musulman. Réponse: «Bouffe ta merde!»
Une stéréo se met à hurler, des cris résonnent près du mur, et quand il fait
mine de s’assoupir, un gardien tape à coups de barre de fer sur la porte:
«Réveille-toi, enculé!» Le lendemain, il est «badgé» et transféré à
Kazzamiya, au sinistre centre de la Sécurité militaire de l’ancien régime de
Saddam. Le cheikh doit dormir sur le ciment nu, sans couverture, et urine
dans une bouteille de plastique. Un sergent, brutal et vulgaire, s’acharne à
le faire crier: «J’aime Bush!» L’imam résiste. Le sergent le force à
ramasser les ordures des cellules, «vingt-deux cachots, je les ai comptés».
Le même sergent s’amuse à l’emmener aux toilettes, lui donne «trois minutes»
et défonce la porte à coups de pied pour faire basculer le prisonnier dans
la cuvette d’immondices. Pas loin, il y a un département réservé aux femmes:
«Toute la nuit, je les entendais crier...» Parfois, des obus de mortier
tirés par les «moudjahidin, Inch’Allah!» tombent sur la prison et font fuir
les gardiens. Au matin, un officier lui propose de «coopérer» en donnant des
informations sur la résistance; le cheikh se braque: «Même le Tigre et l’
Euphrate sont contre votre présence ici!» Au cinquième jour, il devient très
pâle et sa respiration difficile. Une femme médecin prend sa tension:
«Excellente!» Il demande une couverture: «Pas de ma responsabilité!» Dehors,
les fidèles de la mosquée manifestent depuis le premier jour et la presse
arabe commence à écrire des articles.

Un matin, un officier lui annonce qu’il va être libéré. Soudain, le sergent
sort son poignard, s’avance vers lui en faisant mine de lui trouer la
poitrine et... lui coupe son badge d’identification. Vacillant, les yeux
tuméfiés, il est reconduit au palais de Saddam où un capitaine «Gardner»,
visiblement embarrassé, le libère: «Désolé. Vraiment désolé!» Le cheikh,
lui, préfère se souvenir d’un homme très musclé, en tee-shirt kaki et
pantalon de treillis. Un interrogateur pas comme les autres: «Il m’a dit:
"Qui vous a fait ces blessures? Ce sont des criminels! Vous savez… Tous les
Américains ici ne sont pas comme cela. Certains sont en Irak pour vous
aider."» L’homme n’a pas pu empêcher les brutalités, mais il lui a apporté
le trésor d’une couverture. «Il était gentil et poli, sourit le vieux
cheikh, je lui ai dit que je me souviendrai de lui et que je raconterai son
histoire.»

Propos recueillis par Jean-Paul Mari

Jean-Paul Mari

Tous des sauvages,
par Robert Fisk


http://paxhumana.info/article.php3?id_article=451
(Traduction du rezo des Humains Associés)

Lorsque l'on considère son ennemi comme un sauvage, on finit par le devenir soi-même.

8 mai 2004, The Independent

A peine six mois avant la déclaration de la Première Guerre mondiale, ma grand-mère, Margaret Fisk, offrit à William, mon père, un livre de 360 pages sur l'aventure impériale intitulé : Tom Graham VC, histoire de la guerre afghane (1). « Pour Willie, de la part de sa mère », avait-elle écrit au crayon, d'une écriture épaisse, à l'intérieur de la page de couverture. « Willie » devait avoir à peine 15 ans à l'époque.

C'est seulement en 1992, à la mort de mon père que j'ai hérité de ce livre avec sa belle couverture cartonnée, avec, gravée en relief, une Croix Victoria, et c'est seulement le mois dernier que j'ai lu ce livre. Une aventure écrite par William Johnston et publiée en 1900. Le livre raconte l'histoire du fils d'un propriétaire de mines qui grandit à Seaton, un port du nord de l'Angleterre. A la suite d'un revers de fortune inattendu de son père, l'enfant fut contraint de quitter l'école, de s'engager comme commis dans un bureau, puis il rejoint l'armée britannique avant l'âge requis. Tom Graham est alors incorporé dans une unité britannique dans le comté de Cork, dans le sud-ouest de l'Irlande - il embrasse même la Blarney Stone (2), puis il est envoyé en Inde et sur le front de la Seconde Guerre Afghane où il est officiellement nommé sous-lieutenant d'un régiment écossais. Avant de partir pour l'armée, debout devant la tombe de son père dans le cimetière local, Tom jure que sa vie sera celle d'un homme « honnête, irréprochable et loyal. »

L'histoire dans ce livre reflète parfaitement la génération de mon père. C'est une histoire raciste, d'une gaieté exubérante, mettant en évidence l'héroïsme des Britanniques et la sauvagerie des Musulmans. L'assassinat - réel - du personnel de l'ambassade britannique à Kaboul en 1879 entraîna une riposte de la part des militaires britanniques et c'est ainsi que Tom Graham débarque en Afghanistan avec son régiment. Quelques jours plus tard, Tom braque sa baïonnette « droit sous le museau », puis sur la poitrine d'un Afghan, « un géant au teint basané et aux yeux brillants de haine. » Dans la vallée du Kuruum, Graham repousse des « indigènes en colère, enivrés par la luxure et le pillage. » L'auteur souligne que chaque fois que les troupes britanniques tombaient entre les mains des Afghans « leurs corps étaient affreusement mutilés, indignement traités par ces démons d'apparence humaine. » Les Afghans sont tour à tour traités de « scélérats », de « bandits », et bien sûr ce sont « des démons d'apparence humaine ».

Le texte n'est pas seulement raciste, il est aussi contre l'Islam. L'auteur pontifie : « le jeune lecteur ignore peut-être que le seul but de tout Afghan engagé dans la guerre de 1878 à 1880 était de réduire en morceaux tout hérétique qu'il pouvait trouver sur son chemin. Plus il maltraitait l'infortuné Anglais, plus son bonheur au Paradis serait suprême. » Après que Graham ait été blessé à Kaboul, les Afghans - selon les termes du médecin militaire irlandais - étaient devenus « d'affreux scélérats, de sales nègres. » Un officier de l'artillerie britannique encourageait vivement ses hommes à tirer sur une foule d'Afghans rassemblés, en assurant que le feu du canon « dissiperait les mouches. »

Il est aisé de constater comment dans le monde de gens « honnêtes, irréprochables et loyaux », dans lequel vivait mon père, les Britanniques avilissaient l'ennemi. Bien que la bravoure des Afghans soit çà et là mentionnée, l'auteur n'essaie pas de justifier leurs actions. L'idée que les Afghans ne veulent pas que des étrangers envahissent et occupent leur pays n'est pas même suggérée dans le livre.

Mais il est vrai que l'Histoire n'est pas agréable aux libéraux d'aujourd'hui. J'ai dans ma bibliothèque un autre livre datant de la même époque, une biographie sérieuse et réfléchie de Henri Mortimer Durand, l'homme qui traça la ligne Durand entre l'Afghanistan et l'Empire Britannique des Indes. Dans ce livre, on peut lire la copie d'une lettre envoyée de son vivant par Durand à la s¦ur de son biographe. Le 12 décembre 1879, se souvient-il, « deux escadrons du 9e Lancers reçurent l'ordre d'attaquer une importante unité afghane, tout en économisant nos armes. L'attaque échoua et plus tard on trouva certains de nos morts affreusement mutilés par des couteaux afghans ... J'ai tout vu. »

Les choses sont claires. Les Afghans ont effectivement fait subir des sévices aux jeunes Britanniques - plus tard des ouvrages historiques précisèrent sur quelles parties des corps étaient portées les mutilations auxquelles les auteurs faisaient allusion. Tout comme des Irakiens tranchèrent la tête d'un mercenaire américain à Fallouja, le 30 mars dernier et pendirent les restes calcinés avec ceux d'un autre mercenaire, les attachant à la poutre d'un vieux pont de chemin de fer britannique au dessus de l'Euphrate. Nos ennemis sont des sauvages. Et nous le sommes pareillement. On commence par apprendre à haïr nos ennemis, puis on les traite comme des bêtes, ensuite on hurle notre colère, prenant notre revanche quand nos ennemis nous y obligent en se conduisant exactement comme nous supposons qu'ils le feraient. C'est alors que nous les torturons et que nous les humilions.

L'équivalent moderne de Tom Graham VC, c'est Hollywood et sa façon pernicieuse et raciste de présenter les Arabes et les Musulmans. Comme on pouvait s'y attendre, le 11 septembre 2001, nos ennemis s'avérèrent aussi effroyables que nos films les présentaient. Un jour, une étude sérieuse pourrait nous amener à comprendre comment les pilotes assassins se sont construits en s'inspirant de la version hollywoodienne de leur nature impitoyable.

Mais il n'est pas difficile de comprendre comment les voyous américains qui ont brutalisé des Irakiens à la prison d'Abou Ghraib ont acquis la cruauté dont ils ont fait preuve. Les « Born-again Christians » (3) qui sans aucun doute souhaitent être vus publiquement comme menant une vie de « personnes honnêtes, irréprochables et loyales », traitent les Irakiens comme des « démons d'apparence humaine », des « fanatiques », des « mouches ». Paul Bremer, le représentant américain en Irak n'avait-il pas présenté les ennemis de l'Amérique comme des « irréductibles », des « jusqu'au-boutistes », des « terroristes » ? Quand la jeune femme impliquée dans les tortures s'est étonnée de tout le tapage fait autour des exactions, j'ai immédiatement compris sa réaction. Non pas parce que ce qu'elle faisait était de la routine - bien que ce fut le cas - mais parce que c'est ainsi qu'on lui avait ordonné de traiter ces prisonniers irakiens. N'avaient-ils pas tué des soldats américains, piégé des voitures, assassiné des écoliers ? Hollywood devient la réalité.

Peut-être vous ne pensez pas que l'industrie du divertissement a de l'influence sur les jeunes, vous pensez que Tom Graham VC n'a pas plus d'influence sur un jeune Anglais, qu'Hollywood ne pervertit l'esprit des geôliers américains à la prison d'Abou Ghraib. Eh bien, vous avez tort. Car Bill Fisk - le « Willie » de cette dédicace vieille de près d'un siècle - fut lui aussi retiré de l'école d'une petite ville portuaire du nord de l'Angleterre, parce que son père n'avait plus les moyens de subvenir à ses besoins. Il fut commis dans un bureau à Birkenhead. Dans quelques lignes rédigées avant sa mort, Bill se souvenait qu'il avait essayé de s'engager dans l'armée britannique avant l'âge requis, qu'il était allé à la caserne Fulwood à Preston pour rejoindre la Royal Field Artillery le 15 août 1914, onze jours après la déclaration de la Première Guerre mondiale et presque exactement six mois après que sa mère lui eut offert le livre racontant l'histoire de Tom Graham. Ayant réussi à s'engager deux ans plus tard, Bill Fisk, lui aussi, alla rejoindre un bataillon britannique dans le comté de Cork. De cette époque, j'ai même une photo jaunie, à l'encre sépia, photo sur laquelle on le voit embrasser la pierre Blarney. Deux ans plus tard, en France, mon père fut nommé sous-lieutenant dans le King's Liverpool Regiment. Ne suivait-il pas consciemment, la vie fictive de Tom Graham ?

Non, Bill Fisk n'a pas torturé de prisonniers - à la fin de la Première Guerre mondiale, il refusa avec dignité de commander un peloton d'exécution à qui on avait donné l'ordre d'exécuter un soldat australien accusé de meurtre. Mais n'allez pas me dire que nous ne sommes pas conditionnés par ce que nous lisons et par ce que nous voyons au cours de notre enfance. Toute sa vie, Bill Fisk a parlé de « Nègres », il a dévalorisé les Irlandais et évoqué le « Péril Jaune », considérant la Chine comme le plus grand danger pour le monde. C'était un homme de l'époque victorienne. J'ai bien peur que les Américains qui ont torturé des Irakiens soient des créatures de notre siècle. Si l'on vous apprend à mépriser l'ennemi, à lui dénier toute humanité, vous allez, lorsque l'occasion vous sera donnée, cesser d'être humain vous-mêmes.

Note des traducteurs :
(1 ) The Victoria Cross : la plus prestigieuse décoration militaire, créée en 1856 par la reine Victoria et attribuée à un membre des troupes britanniques ou du Commonwealth pour un acte de courage exceptionnel en présence de l'ennemi, ou, depuis 1858, en cas de danger extrême. Les titulaires font suivre leur nom de VC.
(2) Blarney : Village et château du comté de Cork à 5 km de Cork. Le château de 1440 aux murs particulièrement épais a été assiégé par les troupes de Cromwell et de Guillaume III. Une pierre gravée, le Blarney Stone, située à l'extérieur sous les créneaux, a la réputation de conférer à ceux qui l'embrassent le don d'éloquence et de persuasion.
(3) Born-again Christians : littéralement, les « Chrétiens nés une seconde fois », mouvement de l'Eglise évangelique auquel appartient le président Bush.