ANALYSE SUR LA GUERRE EN IRAK
Cet article ci-dessuus est un
dès rare qui traite du sujet de la guerre économique
d'un point de vue monétaire... et démontre un autre
côté de ses enjeux.
Trouvé sur le site: http://perso.wanadoo.fr/grande.releve/
Subject: Analyse sur la guerre
en Irak (traduction).
Cet article nous a semblé ici passionnant et nous pensons
que, bien que daté d'avant le début du conflit,
il ouvre des perspectives originales pour la compréhension
des enjeux de la guerre et de ses suites. L'article explique
avec des mots simples le principe du dollar - roi, et de la Dette
américaine. N'ayant pas vu de réactions sur Local
à ce texte en anglais, nous vous proposons cette traduction
. Bonne lecture ! Danielle Lapierre 78 sud Traduction d'un article
de Geoffrey HEARD, écrivain ( Développement soutenable,
Droits de l'Homme - Melbourne, Australie).
Si vous vous demandez comment
les USA, malgré leur endettement énorme, continuent
à dominer le monde, si vous vous demandez pourquoi les
pays du monde continuent à faire crédit aux USA
sans exiger d'être remboursés, si vous vous demandez
comment on peut être aussi endetté et continuer
à faire des affaires (recette qui intéresserait
tout titulaire d'une carte de crédit !), alors, lisez
cette analyse de l'australien Geoffrey HEARD. Il ne s'agit pas
du pétrole en Irak, mais du face à face entre l'Europe
et les USA, pour la domination économique Par Geoffrey
HEARD. Melbourne, Australie.
Sommaire: Pourquoi George Bush tient-il aussi furieusement à
faire la guerre à l'Irak ? Cette question trouve sa réponse
lorsqu'on examine ce qui se passerait, pour les USA, s'ils ne
faisaient pas cette guerre. L'administration Bush a été
prise en flagrant délit de mensonge, d'exagérations
énormes et d'approximations incroyables dans sa litanie
de prétextes pour engager la guerre contre l'Irak. Avec
ses alliés - la Grande Bretagne et l'Australie - elle
a affiché un mépris total des opinions publiques,
manipulé l'information, trompé volontairement et
par omission, et s'est acharnée à acheter les votes,
à l'ONU, à coup de milliards de dollars. Face à
l'échec devant le conseil des Nations Unies, les USA ont
menacé d 'envahir l'Irak sans son autorisation. Cela ouvre
une brèche dans la constitution même de l'ONU, dont
les résolutions sont censées s'imposer à
tous. C'est tout simplement bizarre. D'où vient cet acharnement
à vouloir la guerre ? Beaucoup d'éléments
poussent le président Bush et son administration à
envahir l'Irak, à destituer Saddam Hussein, et à
prendre possession du pays . Mais le plus important est caché
et très, très simple. Il s'agit de la monnaie utilisée
pour le commerce du pétrole, ce qui déterminera
qui, à terme, dominera le monde au plan économique
: les USA ou l'UE. L'Irak est la tête de pont de l'Union
Européenne dans cette confrontation. Les USA avaient le
monopole du commerce du pétrole, puisque le dollar était
la monnaie agréée par tous, mais l'Irak s'est désolidarisé
du système à partir de 1999, en acceptant le paiement
du pétrole en euros, et a fait des profits. Si l'Amérique
envahit l'Irak et gagne la bataille, cela renverra l'UE et ses
euros à la mer, rendant du même coup la domination
économique mondiale de l'Amérique inexpugnable.
Il s'agit là du plus grand combat pour le pouvoir économique,
de l'époque moderne. Les alliés de l'Amérique
dans cette invasion, la Grande-Bretagne et l'Australie font le
pari que l'Amérique va gagner et espèrent, étant
dans le train, en tirer le bénéfice de quelques
miettes. La France et l'Allemagne sont les têtes de pont
de l'Europe - la Russie aimerait rejoindre l'Europe mais elle
peut encore être achetée. Il est probable que la
Chine aimerait voir les Européens partager le leadership
sur le plan de la monnaie, pendant qu'elle continue à
accroître son commerce international, pour en tirer des
bénéfices.
LE DEBAT SUR INTERNET.
Bizarrement, rien ou presque n'apparaît dans les grands
médias sur le sujet, quoique les personnes importantes
commencent à réaliser la chose - notez le glissement
récent de la valeur du dollar. Les " traders "
auraient-ils peur de la guerre ? Ils ont certainement davantage
peur qu'il n'y ait pas la guerre. Mais, malgré le silence
dans les grands médias, une grande discussion mondiale
s'est instaurée sur le but ( le résultat) de tout
ça, en particulier sur Internet. Voir plusieurs articles
: Henry Liu, dans le " Asia Times ", en juin dernier
( ce fut un point chaud du forum Feasta organisé par un
groupe qui réfléchit à une économie
soutenable, basé en Irlande), et par W.Clark " Les
vraies raisons de la guerre à venir contre l'Irak : Une
analyse macro-économique et géostratégique
de la vérité dont on ne parle pas ", publié
par le Sierra Times, sur indymedia.org, et ratical.org. La question
n'est pas de discuter si l'Amérique souffrirait de perdre
le monopole du dollar sur le commerce du pétrole,- ça
c'est un fait - mais plutôt d'évaluer de combien
à quel point elle serait affectée. Les conséquences
pour la monnaie en vigueur pourraient être graves, voire
catastrophiques. Les USA pourraient sombrer au plan économique.
LES DOLLARS DU PETROLE La clef de tout ça, c'est la monnaie
agréée pour le commerce du pétrole. D'après
un accord avec l'OPEP, tout le pétrole s'est échangé
contre des dollars depuis 1971 ( après l'abandon de l'étalon
or), ce qui rend de facto, le dollar la monnaie la plus importante
pour le commerce international. Si les autres pays doivent accumuler
les dollars pour acheter du pétrole, ils veulent aussi
pouvoir utiliser cette accumulation pour commercer dans d'autres
domaines. C'est ce qui donne à l'Amérique un avantage
énorme et lui permet d'avoir une position hégémonique
dans le commerce mondial. En tant que bloc économique,
l'UE est le seul " challenger " des USA, et elle a
créé l'euro pour rivaliser avec le dollar sur les
marchés internationaux. Toutefois, l'UE n'est pas encore
unie derrière l'euro - il y a une bonne part de chauvinisme
dans les politiques nationales, le moindre n'étant pas
celui de la Grande-Bretagne - et de toutes façons, aussi
longtemps que toutes les Nations devront amasser des dollars
pour acheter du pétrole, l'euro ne pourra réaliser
que des avancées très limitées sous le règne
du dollar. En 1999, l'Irak, seconde réserve mondiale de
pétrole, s'est converti au commerce du pétrole
en euros. Les analystes américains on bien ri : l'Irak
venait de commettre une faute, qui allait plonger le pays dans
la pauvreté. Mais, deux ans plus tard, les sonnettes d'alarme
se mirent à tinter :l'euro grimpait à l'inverse
du dollar : l'Irak avait fait un bond économique , en
acceptant le paiement en euros. L'Iran a commencé à
y réfléchir; le Venezuela , 4ème producteur
mondial l'a envisagé et a commencé à casser
la suprématie du dollar en passant des accords avec différents
pays, y compris avec la bête noire des USA : Cuba. La Russie
cherche à vendre du pétrole à l'Europe -marché
évident - payable en euros. La mainmise du billet vert
sur le pétrole, et par conséquent sur le commerce
mondial s'en trouvait menacée. Si l'Amérique n'intervenait
pas immédiatement, ce feu de broussaille économique
risquait de se transformer en incendie capable de consumer l'économie
américaine et sa domination sur le commerce mondial.
D'OU VIENT CET AVANTAGE DU DOLLAR ?
Imaginez : vous êtes très endetté, mais tous
les jours vous faîtes des chèques en dollars que
vous ne possédez pas : une nouvelle voiture de luxe, la
location d'une maison au bord de la mer, un voyage de rêve.
Vos chèques ne devraient avoir aucune valeur, mais ils
vous permettent d'acheter, parce que les chèques que vous
faîtes n'arriveront jamais à la banque ! Vous avez
l'assurance de ceux qui possèdent ce que tout le monde
veut ( appelez ça pétrole ou gaz), qu'ils accepteront
uniquement vos chèques en paiement. Cela veut dire que
tout le monde doit accumuler vos chèques pour pouvoir
acheter du pétrole ou du gaz. Puisqu'on doit entasser
vos chèques, on s'en sert aussi pour acheter autre chose.
Vous faîtes un chèque pour acheter une télé,
le marchand de télé l'échangera contre du
pétrole, le vendeur de pétrole s'en servira pour
acheter des fruits et légumes, le marchand de légumes
pour acheter du pain, le boulanger pour acheter de la farine,
et le chèque circule, encore et encore, mais ne revient
jamais à la banque. Dans vos comptes, vous avez une dette,
mais tant que vos chèques n'atteignent pas la banque,
vous n'avez pas à payer. En fait, vous avez eu une télé
gratuite. Voilà la situation dont les USA ont profité
pendant trente ans : ils ont fait un tour gratuit de commerce
international pendant tout ce temps. Ils ont reçu une
subvention énorme du monde entier. Au fur et à
mesure que la dette augmentait, les USA ont imprimé des
billets ( fait des chèques), pour continuer à faire
du commerce. Pas étonnant que ce soit une " centrale
" économique ! Et puis, un beau jour, un vendeur
de pétrole dit qu'il va accepter les chèques de
quelqu'un d'autre : et quelques uns pensent que ce pourrait être
une bonne idée. Si cela se répand, les gens vont
arrêter d'accumuler vos chèques, qui devront revenir
très vite à la banque, et cela va commencer à
sentir mauvais ! Mais vous êtes puissant, dur et très
agressif. Vous n'avez pas peur du gars qui peut faire des chèques
- il est puissant, lui aussi - mais, en trouvant une excuse "
légitime ", vous pouvez écraser le vendeur
de pétrole, lui faire peur et le forcer ainsi que ses
collègues, à la soumission. Et voilà en
un mot, ce que les USA sont en train de faire en Irak.
PRECARITE DE L'ECONOMIE AMERICAINE.
L'Amérique est impatiente d'attaquer l'Irak à cause
de la vitesse à laquelle un incendie, déclenché
par l'euro pourrait se répandre. Si l'Iran, le Venezuela
et la Russie rejoignaient l'Irak et échangeaient de grandes
quantités de pétrole en euros, l'euro atteindrait
une puissance suffisante pour faire levier dans le commerce international.
Les autres pays devraient alors échanger leurs dollars
pour des euros. Les dollars que les US ont imprimés, les
chèques qu'ils ont faits commenceraient très vite
à rentrer au pays, entraînant avec eux l'illusion
de leur valeur. La situation économique réelle
des USA est aussi mauvaise qu'elle peut l'être : c'est
le pays le plus endetté du monde. La dette s'élève
à 12 000 dollars pour chacun de ses 280 millions d'hommes,
de femmes et d'enfants. Cette situation est pire que celle qu'a
connue l'Indonésie, il y a quelques années, et
plus récemment, l'Argentine. Même si l'OPEP ne se
convertissait pas massivement à l'euro ( et ça
ferait un joli profit, non basé sur le pétrole
pour les pays de l'OPEP ; de même que cela contribuerait
à diminuer la dette que les USA ont réussi à
imposer à certains d'entre eux), les problèmes
des USA iraient s'intensifiant. Même si un faible volume
du commerce du pétrole se faisait en euros, cela aurait
deux conséquences immédiates
-Augmenter l'attractivité de l'euro auprès des
membres de l'UE, ce qui les inciterait à rejoindre la
zone euro : en conséquence l'euro deviendrait plus fort,
ce qui pousserait les pays producteurs de pétrole à
reconnaître l'euro comme valeur d'échange, et tous
les autres pays comme monnaie pour tout le commerce.
-Activer le retour des dollars vers les USA alors que les banques
n'ont pas de quoi les couvrir.
-Susciter la " sur-réaction " habituelle des
marchés, ce qui en un rien de temps entraînerait
le dollar dans une spirale à la baisse.
LA SOLUTION DES USA
La réponse américaine à la menace de l'euro
était prévisible. Cette réponse, c'est la
guerre. En allant faire la guerre en Irak, les USA visent quatre
buts :
-Sauvegarder l'économie américaine en poussant
l'Irak à revenir à la vente du pétrole en
dollars, pour que le billet vert redevienne la seule monnaie
d'échange.
-Envoyer un message très clair aux autres pays producteurs
pour qu'ils mesurent ce qui pourrait leur arriver s'ils ne restaient
pas dans le " cercle du dollar ". L'Iran a déjà
reçu le message ( rappelez-vous votre étonnement,
quand, en plein processus de laïcisation et de modération,
l'Iran a été désigné comme "
un membre de l'axe du mal " !).
-Mettre la seconde réserve mondiale de pétrole
sous contrôle des USA.
-Installer un état laïc, stable là où
les USA peuvent faire stationner une force énorme (peut-être
avec l'aide de certains de ses alliés comme la Grande-Bretagne
et l'Australie), pour dominer tout le Moyen-Orient et ses ressources
vitales de pétrole. Cela permettrait aux USA d'éviter
de se servir de la Turquie (versatile), Israël (politiquement
impossible) et l'Arabie Saoudite, second pays visé, lieu
de naissance d'Al Qaida et foyer d'anti-américanisme notoire
-Remettre sévèrement à leur place l'UE et
l'euro, seul bloc commercial dont la monnaie est assez forte
pour s'attaquer à la domination des USA et du dollar.
-Apporter une couverture aux USA pour une opération de
renversement du gouvernement vénézuélien,
démocratiquement élu, en le remplaçant par
une junte amie des américains, et ainsi s'approprier le
pétrole du Vénézuéla. Enfermer de
nouveau le monde dans " les dollars du pétrole "consoliderait
la position actuelle des USA et les rendrait inexpugnables en
tant que puissance dominante, aux plans économique et
militaire . Une Europe en morceaux ( et les USA font tout ce
qu'ils peuvent pour faire exploser l'Europe ; ça a été
facile avec l'Angleterre, mais d'autres pays d'Europe ont apporté
leur soutien par leur vote à l'ONU), et l'euro subiraient
un sérieux échec et pourraient mettre des décennies
à s'en remettre. Il s'agit là de la lutte la plus
dure des temps modernes, pour le pouvoir absolu. Il est peu probable
que les USA acceptent que le massacre de quelques centaines de
milliers d'Irakiens soit un obstacle à sa domination du
monde. Le président Bush a promis aux américains
de protéger leur niveau de vie. Voilà ce qu'il
voulait dire.
JUSTIFIER LA GUERRE
Objectivement, les USA ne pouvaient pas purement et simplement
envahir l'Irak, alors ils ont cherché des raisons pour
rendre cette attaque légitime. Cette recherche s'est menée
avec une exaspération croissante à mesure que les
prétextes se cassaient la figure. D'abord, l'Irak a été
une menace en raison de ses soi-disant liens avec Al-Qaida ;
puis on a dit que l'Irak procurait des armes à Al Qaida;
ensuite, l'Irak a été une menace croissante pour
ses voisins ; puis il fallait délivrer les Irakiens du
tyran Saddam Hussein ; enfin, il y a la question de se conformer
aux inspections de l' ONU. Les justifications pour envahir l'Irak
paraissent moins convaincantes aujourd'hui. La déclaration
des US qu'ils envahiraient l'Irak de façon unilatérale
sans le soutien de l'ONU, et même contre son avis, rend
tout à fait absurde leur proclamation d'agir pour le bien
et l'équilibre du monde entier. Les inspecteurs de l'ONU
n'ont trouvé que de minimes infractions aux limitations
prescrites par l'ONU sur les armes - la dernière étant
une portée excédant de 20% celle autorisée
pour des missiles de technique rudimentaire. Mais on n'a trouvé
aucun signe des prétendues armes de destruction massive
(ADM) dont les US étaient sûrs de l'existence et
qu'il fallait absolument trouver. Colin Powell cita un village
du nord de l'Irak comme une menace certaine. Il admit plus tard
que ce n'était pas le bon village. Newsweek (24/2) rapporte
que les conseillers de Bush claironnent que le transfuge Irakien,
le Lt. Gen. Hussein Kamel, leur a confié en 1995 que l'Irak
avait fabriqué des tonnes de gaz innervant et d'anthrax
(la présentation de Colin Powell devant l'ONU le 5 février
en est un exemple). Ces conseillers oublient de mentionner que
Kamel leur a aussi affirmé que ces stocks d'armes avaient
été détruits. Une partie des preuves américaines
et notamment celles des services Britanniques s'est révélée
provenir de la thèse de maîtrise d'un étudiant.
La préoccupation exprimée par l'Amérique
concernant les droits humains du peuple Irakien et le manque
de démocratie dans le pays n'est tout simplement pas dans
la ligne des interventions américaines dans les autres
pays, ni au cours de l'histoire ni dans les actions actuelles.
Le Guatemala, le Congo, le Chili et le Nicaragua sont les nombreux
exemples où l'intervention des USA a mis à bas
des gouvernements légitimes et élus démocratiquement,
pour les remplacer par la guerre, le chaos, la faim, la pauvreté,
la corruption, la dictature, la torture, les enlèvements
et les meurtres, dans le seul but de préserver leurs propres
intérêts économiques. Le plus récent
exemple, l'Afghanistan, n'est pas très brillant ; en fait
on a réinstallé au pouvoir un groupe de "
seigneurs de la guerre " criminels, que l'Amérique
avait installés auparavant, puis déposés
en faveur des Talibans, aujourd'hui détestés. Saddam
Hussein était tout aussi répressif, corrompu, et
criminel il y a 15 ans quand il utilisait des armes chimiques,
fournies par les USA, contre les Kurdes. L'actuel Secrétaire
à la Défense, Donald Rumsfeld, si véhément
contre l'Irak aujourd'hui, avait la charge d'éviter alors
une condamnation de l'Irak et de blâmer l'Iran. A cette
époque, bien sûr, les USA pensaient que Saddam Hussein
était " leur homme ", et ils l'utilisaient contre
la menace que représentait le fondamentalisme islamique
de l'Iran. Aujourd'hui encore, comme l'a noté l'écrivain
indépendant Robert Fisk, les manuvres des USA pour
acheter le vote à l'ONU de l'Algérie, incluent
des promesses de fournitures d'armes aux militaires Algériens,
lesquels ont un bilan de 10 ans de répression, torture,
enlèvements et meurtres qui pourrait rendre jaloux Saddam
Hussein lui même. On estime que 200.000 personnes ont été
tuées et d'innombrables autres estropiées, au cours
de ces massacres monstrueux. Quel sera le prix a payer par les
Irakiens pour les considérations humanitaires des USA
? Les Français aussi courtisent l'Algérie, leur
ancien département d'Afrique du nord, pour tout ce qu'elle
représente, mais au moins ils ne prétendent pas
être guidés par des motifs humanitaires. L'Indonésie
est également un pays qui a un vote et une influence en
tant que plus grande nation musulmane au monde. Son armée,
répressive et criminelle, est en train de se renforcer
grâce à la soi disant campagne anti-terroriste des
USA, dont elle reçoit un soutien officiel et des aides
discrètes, notamment celles des services de renseignement.
ET LE VENEZUELA
Pendant que l'attention du monde est focalisée sur l'Irak,
l'Amérique soutient, à la fois ouvertement et secrètement,
la tentative de coup d'état des riches du Venezuela, qui
avaient pris le pouvoir brièvement en avril 2002 avant
d'être forcés à reculer devant le soutien
massif des pauvres pour le président Chavez ,démocratiquement
élu. Les leaders du coup d'état continuent à
utiliser leur contrôle des médias et de l'industrie,
ainsi que l'oreille du Gouvernement Américain et de ses
amis du pétrole, pour déstabiliser et ruiner le
pays. Les ressources pétrolières, propriété
de l'état du Venezuela, seraient une aubaine pour les
compagnies américaines et constitueraient une réserve
de pétrole presque à domicile. De nombreux auteurs
ont relevé la contradiction entre le désir affiché
d'établir la démocratie en Irak, et parallèlement,
le travail de sape contre le gouvernement du Venezuela, pourtant
démocratiquement élu. L'Amérique est allée
jusqu'à se précipiter de reconnaître le coup
d'état d'avril 2002, et plus récemment, le Président
Bush a demandé des élections anticipées
en ignorant le fait que le Président Chavez avait gagné
trois élections et deux référendums, et
que de toutes façons, ces élections anticipées
seraient inconstitutionnelles. Un des éléments
du travail de sape des USA contre le Venezuela, s'est concrétisé
par le " lock out " établi par les transnationales
américaines en soutien à la grève nationale.
Imaginez-les agissant ainsi aux USA ! Il est clair qu'une opération
souterraine est en cours pour renverser le gouvernement légitime
du Venezuela. José Nayardi , député uruguayen,
a rendu la chose publique en révélant que l'administration
Bush avait demandé à l'Uruguay de soutenir les
cadres supérieurs et les leaders syndicaux dans leur action
contre l'administration de Chavez. Ce procédé,
a-t-il noté, rappelait de manière choquante l'intervention
de la CIA au Chili en 1973, quand le général Pinochet
a fait son coup d'état militaire pour renverser dans un
bain de sang, le gouvernement du Président Allende démocratiquement
élu. Le président Chavez se maintient à
grand peine au pouvoir, mais face à la puissance conjuguée
des USA et de l'opposition, combien de temps peut-il tenir ?
LE COUT DE LA GUERRE
Certains disent que l'invasion de l'Irak coûterait tellement
de milliards de dollars, que les bénéfices attendus
sur le pétrole ne pourraient jamais justifier une telle
action. Mais quand cette invasion se place dans le contexte de
la protection de l'économie américaine tout entière,
tant aujourd'hui que dans l'avenir, cet argument tombe. Si on
va plus loin, il y a trois autres facteurs vitaux : Premièrement
: l'Amérique va demander aux autres de l'aider à
payer car elle protège leurs intérêts. Le
Japon et l'Arabie Saoudite ont apporté des contributions
substantielles lors de la guerre du golfe, en 1991. Deuxièmement
: en fait , la guerre coûtera très peu aux USA,
en tout cas pas beaucoup plus que les dépenses de fonctionnement
normales. Cette guerre est déjà payée !
Toutes les munitions et l'équipement sont déjà
achetés et payés. Les USA auraient à peine
à dépenser un centime en équipement lourd
pour engager cette guerre : la dépense viendra plus tard,
quand les munitions et l'équipement devront être
remplacés, après la guerre. Mais les munitions
et les équipements sont de toutes façons toujours
remplacés : les contrats sont déjà signés.
Quelques contrats seront simplement prolongés, d'autres
seront revus à la hausse, mais étalé sur
plusieurs années, le coût ne sera pas excessif.
Après tout quel coût supplémentaire est induit
par une armée en guerre, en comparaison avec l'entretien
d'une armée présente partout dans le monde et qui
effectue des manuvres en permanence ? Certes, ce coût
supplémentaire existe mais représente une somme
relativement modeste. Troisièmement : un montant important
de ce surcoût est constitué par les dollars qui
circulent en dehors de l'Amérique - le moindre n'étant
pas l'achat de fuel. Devinez comment l'Amérique va procéder
? Elle va actionner la planche à billets pour alimenter
la machine de guerre. Il s'agit du même processus que lorsque
l'industrie américaine achète des équipements,
des composants et des matières premières avec des
dollars qui vont à l'étranger et exploitent ainsi
l'avantage commercial américain. Le coût de la guerre
est loin d'être aussi important qu'on pourrait le penser.
C'est le coût de ne pas faire la guerre qui serait catastrophique
pour les USA, à moins de trouver un autre moyen de protéger
la domination du billet vert dans le monde.
LES DEUX ALLIES ACTIFS DE L'AMERIQUE
Pourquoi l'Australie et le Grande-Bretagne
soutiennent-elles l'Amérique dans cette expédition
? Bien évidemment, l'Australie a des réserves importantes
en dollars US : elle fait du commerce majoritairement en dollars
et avec les USA. Une chute du dollar US réduirait peut-être
la Dette de l'Australie, mais n'aurait aucun effet sur la valeur
du dollar australien par rapport aux autres monnaies. Le premier
ministre, John Howard a longtemps caressé le rêve
d'un accord commercial avec les USA, qui permettrait à
l'Australie de monter dans le train de la position dominante
du commerce mondial acquise par le dollar US en tant que moyen
d'échange principal. Il en irait autrement si l'euro prenait
une part significative dans le commerce du pétrole. La
Grande Bretagne n'a pas encore adopté l'euro. Si les USA
s'emparent de l'Irak et bloquent la progression de l'euro dans
le commerce du pétrole, Tony Blair aura fait un pied de
nez à ses partenaires français et allemand, et
obtenu une marge de manuvre, peut-être pour plusieurs
années. La Grande-Bretagne serait alors en position d'exiger
un accord plus avantageux pour entrer dans la zone euro , dans
la mesure ou l'euro n'offrirait pas les gains importants que
lui garantirait une position dominante dans le commerce mondial
du pétrole . Cela pourrait même être l'occasion
de quitter l'Europe et de s'unir à l'Amérique contre
l'Europe continentale. Au contraire, si les USA n'arrivent pas
à maintenir le monopole du dollar sur le commerce du pétrole,
l'euro deviendra de plus en plus fort et la Grande Bretagne risque
d'être réduite à supplier pour qu'on l'admette
dans le " club ".
L'OPPOSITION
Il y a plusieurs raisons évidentes pour s'opposer au plan
américain : l'Amérique est déjà la
nation la plus puissante et elle domine la monde du commerce
avec le dollar. Si elle obtenait le contrôle du pétrole
irakien et une base permanente pour ses forces armées
au Moyen Orient, non seulement cela ajouterait à sa puissance,
mais cela la démultiplierait. Les pays producteurs de
pétrole, surtout les pays arabes, voient cela gros comme
une maison, et tremblent dans leurs bottes. La France et l'Allemagne
sont les leaders de l'UE et ont une vision d'une Europe unie
et renaissante qui prendrait la place qui lui revient grâce
à une monnaie reconnue pour le commerce mondial et qui
lui donnerait un avantage équivalent à celui des
USA. Ce sont ces deux pays qui sont à l' origine de l'échange
du pétrole en euros, avec l'Irak. La Russie est dans un
marasme économique profond : elle sait que cela va encore
empirer le jour ou les USA , grâce à leur main mise
sur l' Afghanistan, exploiteront le pipeline qui traversera le
pays depuis les champs de pétrole du Sud de la Caspienne.
Actuellement, ce pétrole est dirigé vers le nord,
grâce à un pipeline contrôlé par la
Russie . La Russie augmente actuellement sa production de pétrole
, dans l'espoir d'en vendre une partie en euros, et l'autre aux
USA. Elle a déjà pas mal de problèmes par
le fait que le commerce du pétrole se fait en dollars
: si les USA contrôlent le pétrole irakien, cela
entraînera une distorsion du marché, au grand désavantage
de la Russie. De plus, la Russie a actuellement des intérêts
dans le pétrole irakien : elle pourrait perdre ces avantages
en cas de victoire des américains. Déjà
sur les genoux, la Russie pourrait être ruinée avant
même qu'un seul kilomètre du pipeline d'Afghanistan
ne soit posé.
UNE AUTRE SOLUTION ?
Ce scénario met en évidence la gravité de
la situation de l'Amérique et explique cette volonté
forcenée de faire la guerre. Il montre également
que d'autres solutions que la guerre sont possibles. L'Amérique
peut-elle accepter de négocier avec l'Europe pour le partage
du " gâteau mondial " ? C'est peu probable, mais
il est possible que l'Europe oblige les USA à courber
la tête et à envisager une telle solution. C'est
le temps qui le dira. Que se passerait-il si l'Europe adoptait
la posture d'homme d'État, soucieux de l'humanitaire et
du long terme et qu'elle se retirait en laissant le pétrole
aux américains, avec de solides garanties pour le peuple
irakien et la démocratie au Venezuela ? L'Europe pourrait
alors se trouver dans l'obligation d'adopter une approche plus
intelligente : accélérer le développement
des énergies alternatives pour réduire la dépendance
vis à vis du pétrole, produire des biens négociables
en euros pour modifier l'équilibre du commerce mondial
à son avantage. Ce serait là une issue avantageuse
pour tous.
Geoffrey Heard. 2003.
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