14/09/06 - Cuba : ce qui ne sent pas bon du
tout - Un vétéran du Mossad grand propriétaire foncier à Cuba
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Rafi Eitan, alias « Le Puant »
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Il a confié au Ringard :
"Voilà 1 an, j'ai effectué un touché rectal à Castro.
Depuis, je ne me suis pas lavé le doigt."
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Rafi Eitan, vétéran du Mossad, grand propriétaire foncier à Cuba
Cuba : ce qui ne sent pas bon du tout
Mary Rizzo, 14 juillet 2006
Traduit par Maria Poumier et révisé par Fausto Giudice
Bien peu de choses sont sûres et certaines, dans la vie; en politique,
il faut toujours s’attendre à des surprises. Les vérifications sont
importantes, en politique, pour obtenir un consensus. Les citoyens d’un
État, autant que ceux qui soutiennent ailleurs cet État, ont le droit
de savoir comment il est organisé, et ils devraient être au courant des
relations économiques et politiques qu’entretient cet État, tant au
plan national qu’international ; et s’il y a des contrastes ou des
contradictions dans les choix politiques d’un État, ceux qui sont
responsables de ces écarts ont l’obligation morale d’en rendre compte à
leurs citoyens, et à l’opinion publique internationale.
Rien n’oblige la population d’un pays quelconque à cautionner ou à
approuver les décisions prises par son gouvernement, mais ils en seront
affectés de toute façons, parce ce qui est décidé en haut lieu l’est en
leur nom. Aussi, la moindre des choses est que les gens soient informés
de ce que leur gouvernement fait, et qu’ils soient à même d’exprimer
leur désaccord éventuel, qu’ils soient en mesure ou non de garantir le
consensus.
Rien n’est gravé dans la pierre, en matière de politique, et les hommes
politiques sont devenus des caméléons, sont passés maîtres dans l’art
d’être fluides ; ils vont dans le sens de ce qu’ils croient consensuel,
éventuellement en s’en méfiant , mais en tâchant toujours de garder une
orientation générale cohérente. Quand les politiciens donnent
l’impression de changer de bord au gré des intérêts, on devrait jeter
un coup d’œil sur ce qui se passe à Cuba.
C’est là qu’on trouve un soutien indéfectible à la lutte du peuple
palestinien et à sa lutte de libération. On ne manque pas de discours
de Fidel Castro où il n’exprime pas son soutien et son amitié aux
Palestiniens. Jusqu’où ces discours se sont traduits en actes, je ne
saurais le dire, mais en tout cas, une image s’est constituée, celle de
Cuba comme le pays qui condamne publiquement l’Israël.
« Cuba réaffirme sa solidarité totale et sans failles avec le peuple
palestinien dans sa juste lutte pour l’instauration d’un État
indépendant et souverain et pour la restitution de tous les territoires
arabes occupés ; Cuba exhorte la communauté internationale à dénoncer
énergiquement ces crimes, et se prononce sans hésitation contre les
tactiques dilatoires utilisées par Israël pour continuer à imposer sa
politique annexionniste et arrogante, en violation des normes
élémentaires de la coexistence et de la législation internationale,
qui valent à Israël le soutien indéfectible de Washington. » [1]
Imaginez ma surprise quand j’ai lu sur Ynet la note sur Castro
s’apprêtant à allumer une gigantesque ménorah à La Havane, en compagnie
de Rafi Eitan, pour inaugurer le Mémorial de l’Holocauste en cours de
construction à Cuba.
On peut avoir une opinion positive, neutre ou négative, sur la
construction de monuments holocaustiques dans des contrées fort
éloignées des lieux où les choses se sont passées, certes; mais ce qui
m’a frappée, dans ce cas particulier, c’est le nom de Rafi Eitan. Rafi
Eitan ? Ca me disait quelque chose, c’était un nom tout à fait
familier, mais j’avais du mal à retrouver de qui il s’agissait. Un mail
de Jeff Blankfort à sa liste de diffusion m’éclaira :
« Ce que j’ai négligé de mentionner dans le message que j’ai transféré
(et je n’ai pas pu rectifier avant de l’envoyer) sur Fidel Castro
allumant une méenorah à La Havane, c’est que Rafi Eitan, le grand
propriétaire terrien israélien mentionné, n’est autre que l’ancien chef
du Mossad pour les opérations en Europe et le mentor de l’espion
israélien condamné comme tel Jonathan Pollard. On peut se demander s’il
fait aussi de l’espionnage à Cuba, et pour quel pays ». [2]
Effectivement, Rafi Eitan est le nouveau ministre élu dans les rangs du
Parti des retraités [Gil - Gimla'ey Yisrael LaKneset : retraités
d’Israël à Knesset ; Gil signifie « âge » en hébreu, NdT]) lors des
dernières élections israéliennes.
Rafi Eitan, l’homme du Mossad et du Shin Bet, célèbre pour avoir
organisé la capture d’Eichman [en Argentine] mais aussi pour avoir
planifié le bombardement de la centrale nucléaire irakienne d’Osirak,
et surtout, pour son rôle dans l’Affaire Pollard, cet Américain qu’il
avait recruté pour faire de l’espionnage, pour le compte d’Israel.
Rafi Eitan, « connu dans les milieux de l’espionnage israélien par son
surnom de « Stinky », le « puant » [en hébreu HaMasriach, NdT], car il
était tombé dans un bassin d’épandage alors qu’il était membre du
Palmach, la force d’attaque para-miliataire d’Israël, dite organisation
de défense avant 1948 »
(http://www.jonathanpollard.org/2006/033106.htm) ne regrette rien et
revendique ses agissements : “comme pour tout ce que j’ai fait, ma vie
durant, j’étais convaincu que j’agissais au mieux pour l’État d’Israël
». L’article de Ynet semble suggérer qu’Eitan a des intérêts
économiques considérables à Cuba. Cela m’a étonnée, dans la mesure où
je supposais qu’il y avait une interruption dans les relations
économiques entre les deux États, si bien que j’ai commencé à chercher
ce que je pouvais trouver en la matière. [3] « Pendant la dernière
décennie, Eitan, connu comme multimillionnaire, s’est trouvé mêlé à de
grandes transactions à Cuba dans le domaine de l’agriculture et dans le
bâtiment. »
http://www.jpost.com/servlet/Satellite?c=JPArticle&cid=1145961341557&pagename=JPost%2FJPArticle%2FShowFull
Dans un entretien publié le 3 juillet 2006 par Haaretz nous lisons :
“Eitan est un partenaire dans une compagnie qui possède de vastes
vergers à Cuba, mais quand on lui demande le secret de ses liens avec
Castro, il répond: « Il n’y a aucun secret, ce n’est pas vrai, tout
simplement. Je ne travaille pas avec Castro, je suis un exploitant
agricole, à Cuba, le reste n’est qu’affabulation de la presse… La firme
s’occupe d’agriculture à Cuba, principalement de faire pousser des
légumes et de produire du jus de fruit concentré, dans l’unité la plus
grande au monde. J’ai rencontré Castro quelques fois, mais nous ne
sommes pas amis. »
Pour ce qui est du bâtiment, on trouve ces choses intéressantes, en
2001: “Israël est le seul pays au monde qui a constamment appuyé
l’embargo commercial des États-Unis, chaque fois que la question a été
évoquée aux Nations Unies ».
Ironie des choses, Israël est aussi en passé de devenir l’un des
principaux investisseurs à Cuba, avec des hommes d’affaire juifs qui
s’investissent dans tous les domaines, depuis l’exportation des agrumes
jusqu’aux projets immobiliers. Maintenant, dans une démarche qui va
provoquer la fureur des groupes d’exilés cubains et de l’administration
Bush, un groupe d’investisseurs israéliens est en train d’enterrer des
dizaines de millions de dollars dans ce qu’ils appellent le premier
“complexe intelligent d’immeubles de bureaux”, un parc immobilier à
l’extérieur de La Havane, qui comptera dix-huit immeubles de six étages
de bureaux, situés sur un emplacement de 180 000 m2. Le Miramar Trade
Center (MTC) a été conçu par Inmobiliaria Monte Barreto S.A., une
joint-venture entre l’agence d’État Cubalse S.A. et Grupo BM, une
entité israélienne dirigée par l’ancien patron des espions du Mossad
Rafi Eitan. »
On trouve aussi un certain nombre d’articles sur Eitan et Cuba; voir
http://www.washingtonreport.org/backissues/0194/9401018.htm,
http://amenusa.org/aipac5.htm. Voici quelques une de ses déclarations :
« Les affaires israéliennes à Cuba sont coordonnées par la « Business
Enterprises corporations » (BEC) dont les bureaux principaux sont à Tel
Aviv. Le rôle d’Eitan dans le BEC n’a jamais été défini, écrit Slutzky
parce que, « comme d’habitude, Rafi Eitan adore se cacher derrière le
décor ». D’ailleurs, il ne s’est jamais rendu à Cuba «Au contraire,
affirme Slutzky, il « a envoyé d’autres Israéliens là-bas, dont
certains sont restés à titre de conseillers principaux. » Afin
d’impressionner les Cubains, Rafi Eitan a organisé des visites en
Israël pour leurs experts et des officiels de haut rang. Leurs visites
ont eu lieu cette année, apparemment pour qu’ils puissent voir une
exposition agricole qui se tenait à Tel Aviv, et en fait pour leur
faire rencontrer le ministre de l’agriculture Ya’akov Tsur.
A mesure qu’Israël s’investissait à Cuba, la gestion des plantations
d’agrumes cubains est tombée entre les mains israéliennes. Parmi
plusieurs zones semblables, l’une d’entre elle dépasse à elle seule la
surface totale des vergers d’agrumes en Israel. Si l’on s’en tient à
Slutzky, les experts israéliens envoyés par Rafi Eitan avaient
découvert que la production cubaine d’agrumes fait « moins que le
dixième de la production israélienne ». On comptait sur eux pour la
développer, et ils s’efforcent d’augmenter le rendement de l’économie
cubaine, particulièrement dans le domaine agricole. »
Jonathan
Pollard, espion israélien qui travaillait sous les ordres de Rafi Eitan
Bien que n’ayant jamais mis les pieds à Cuba, toujours selon Slutzky,
Rafi Eitan “représente à Cuba un grand nombre de firmes israéliennes.
La haute estime accordée par le régime cubain à un représentant non
officiel des services d’intelligence cubains prouve seulement, comme
dit le proverbe, que l’argent n’a pas d’odeur. »
C’est là où le bât blesse: comment se peut-il qu’un dirigeant à la
pointe du soutien aux Palestiniens autorise l’un des dirigeants du
Mossad à co-posséder l’usine “la plus vaste au monde » de production
de jus d’orange, à coordonner des investissements massifs pour les
firmes israéliennes et à bâtir le plus grand complexe de bureaux et de
commerces du pays ? N’est-ce pas de l’incohérence ? Eitan n’est pas
qu’un simple citoyen israélien. Lui même affirme que tout ce qu’il l’a
fait avait pour but de servir l’intérêt d’Israël !
A tout le moins, Castro devrait faire son examen de conscience. S’il «
ignore » qui est son interlocuteur, quelqu’un peut lui fournir un accès
à internet, et en cinq minutes il peut apprendre tout ce qu’il pourrait
souhaiter savoir sur Eitan et plus encore [4]. S’il « savait », cela
relève du crime, parce que tout ce qui se fait dans l’intérêt d’Israël
a des répercussions graves sur la vie des Palestiniens, et ajoute à
leurs souffrances, dans la mesure où l’Israël n’a pas le moindre
intérêt pour le peuple palestinien. L’argent, c’est important, on ne
saurait s’en passer. Mais tout a un prix, et on espère que Cuba, comme
presque tous les autres pays au monde, n’a pas vendu les Palestiniens
au plus offrant [5].
Notes
[1] "Declaración del Ministerio de Relaciones Exteriores de la
República de Cuba," Granma, 4 October 2000. English translation by
staff, Institute for Cuban and Cuban-American Studies, University of
Miami. http://www.granma.cubaweb.cu/4oct00/nacional/articulo11.html
[2] Sur la liste de diffusion de Jeff Blankfort.
[3] Cuba a rompu ses relations diplomatiques avec l’Israël en 1973.
(NdT)
[4] Cela pourrait s’avérer plus difficile qu’il n’y paraît : c’est
aussi une entreprise israélienne qui gère l’infrastructure informatique
de Cuba. Des individus non identifiés informent immédiatement les
Américains lorsqu’une entreprise étrangère s’avise de faire des
affaires à la fois avec Cuba et avec des Américains, même s’il s’agit
de marchés portant sur des articles et des quantités minimes, de sorte
qu’elle fasse l’objet d’un procès au Etats-Unis et renonce à investir à
Cuba, tandis que Cuba se trouve obligée de s’adresser à un autre
fournisseur, plus cher. C’est le ministre des Affaires Étrangères Félix
Pérez Roque qui l’explique lui même dans ses discours. (NdT)
[5] De fait, la direction économique cubaine a développé ses échanges
avec le plus ferme allié d’israël en Amérique centrale : Le Salvador.
Malgré le fait que les deux pays n’entretiennent pas de relations
diplomatiques, la compagnie aérienne TACA dessert San Salvador-La
Havane avec deux vols réguliers ; Cuba importe du poulet salvadorien en
grandes quantités, mais redoute l’infiltration de propagande hostile au
gouvernement sur les vols de TACA. El Salvador est le seul pays
d’Amérique latine à voter infailliblement les résolutions usaméricaines
contre Cuba à l’ONU, depuis 40 ans, et à maintenir une ambassade à
Jérusalem, alors que les autres pays préfèrent prudemment Tel Aviv pour
la protection de leurs intérêts. [NdT]
Original à Tlaxcala:
Traduit de l'anglais par Maria Poumier et révisé par Fausto Giudice,
membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité
linguistique. Cette traduction est en Copyleft : elle est libre de
reproduction, à condition d'en respecter l'intégrité et d'en mentionner
sources et auteurs.
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Le savoir pour eux
La méconnaissance pour nous
http://www.un.org/french/aboutun/dudh.htm
Article 19
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