RFID :
Qu'y a-t-il d'écrit sur l'étiquette ?


Pas encore acceptée !
Sera imposée par la force... des choses.

18/03/2004.

Outil d'optimisation essentiel pour les uns, danger manifeste pour les autres, les puces d'identification radio (Rfid : Radio Frequency IDentification) déclenchent les passions Outre-Atlantique. Encore méconnue du grand public, cette technologie d'identification par ondes radio est pourtant en cours de généralisation, partout dans le monde. Plutôt que d'opposer les arguments de ses promoteurs et détracteurs, nous avons souhaité contribuer au débat - ou peut-être le susciter en France - en rappelant quelques uns des points clés de cette technologie et de ses multiples applications.
Ces dernières années, le consommateur a appris les vertus des étiquettes. Même si elles restent encore trop souvent elliptiques ou fastidieuses à décrypter, celles-ci sont, à ce jour, les garantes de son information sur le produit qu'il consomme. Mais il n'est pas toujours simple de comprendre les pictogrammes, de faire la part entre les différents labels (plus marketing que qualitatifs), de comprendre et connaître les subtilités de la réglementation, les posologies relatives à la santé, les compatibilités avec d'autres produits, etc.

A l'heure où l'étiquetage et la traçabilité sont l'assurance d'une certaine liberté de choix, les étiquettes intelligentes pourraient permettre à chacun d'être enfin mieux - totalement ? - informé sur ce qu'il consomme.
"A ce jour, l'étiquette électronique n'est pas lisible par le consommateur"

Or, pour l'instant, la technologie Rfid (Radio Frequency IDentification) est surtout vue comme un outil d'optimisation de la distribution, alors qu'elle pourrait demain donner naissance à des applications qui enrichiront considérablement l'information associée à l'échange : le pot de peinture ou de yaourt qui vous détaille comment il est composé, sa nocivité ou sa date de péremption, son mode d'utilisation, ses conditions et son lieu de fabrication, etc.
Mais voilà, encore faut-il que pour cela l'étiquette soit déchiffrable. Or, à ce jour, l'étiquette électronique n'est pas lisible par le consommateur. Non seulement on ne sait pas quels produits en portent, mais on ne sait rien des caractéristiques de chaque puce (active, inactive ?), des informations qu'elle contient et de l'usage qui est fait de ces informations.

Pourra-t-on désactiver les puces après utilisation (ou même dès le passage en caisse), pourrons-nous inhiber le système voire entrer nous-même des données sur une puce ? Aura-t-on des lecteurs Rfid personnels ? Y'aura-t-il des bornes ou des agents (éventuellement logiciels) assermentés validant le contenu des puces d'identification radio et les applications qui l'exploitent par rapport à l'utilisation qui en sera légalement autorisée ?

Ou bien, verra-t-on naître un nouveau genre de guérilla urbaine, avec commandos anti-Rfid protégeants leurs concitoyens en "grillant les puces" qu'ils portent sans le savoir ?
"La transparence semble la seule garantie"

Pour cette technologie encore plus que pour d'autres, la transparence semble la seule garantie de son acceptation. Tout doit être dit et clairement dit. Tout doit être visible et clairement visible. Tout doit être lisible et clairement lisible. Les étiquettes intelligentes doivent être libellées à partir de normes claires et ouvertes permettant non seulement l'interopérabilité des échanges, mais plus encore permettant à tout à chacun de savoir ce qu'on lui prend en échange de ce qu'il donne, ce qu'on lui vend en échange de ce qu'il achète.

Si la puce peut contenir des informations internes à chaque prestataire qui manipule le produit, chaque maillon doit savoir néanmoins quels types d'informations sont présents, même s'il n'a pas forcément accès à leur contenu. En tout cas, si l'on souhaite que tout le monde puisse les utiliser, il faut que tout le monde puisse y accéder. Si ce n'est pas le cas, quoiqu'il en soit, on risque surtout de se retrouver confronté à des refus nets et clairs non seulement des consommateurs, mais surtout de tous les maillons de la chaîne de fabrication, de distribution, de diffusion.

Et qu'on ne nous dise pas que le public se moque de la technologie et que seul compte pour lui le résultat. Accepteriez-vous sous ce principe de manger la première boîte de conserve venue sans même qu'on vous dise ce qu'il y a dedans ? L'enjeu de la transparence, ce n'est pas d'imposer au consommateur une information qu'il ne demande pas toujours, mais de permettre à chacun, s'il en a le besoin ou le désir, de savoir ce que savent les commerçants et les fabricants.

C'est à ce prix que la chaîne de l'échange pourra tirer parti des incontestables bénéfices des étiquettes intelligentes dans un climat de confiance.

Il est certain que nous n'échapperons pas à l'étiquette intelligente, souhaitons néanmoins que contrairement aux OGM ou aux CD protégés, on n'en vienne pas à simplement alerter le consommateur sur les emballages : "Attention, étiquette intelligente !" Nous n'y aurions alors gagné aucune intelligence.
Pour en savoir plus, consulter le dossier FING "Rfid : entre mythes et réalités, la nécessité du débat".

Hubert Guillaud

Rédaction, JDN