WASHINGTON, 21 août (AFP) -

L'administration américaine manipule des données scientifiques dans des domaines aussi variés que l'environnement ou l'utilisation du préservatif, pour servir des intérêts partisans, accuse un groupe d'élus démocrates dans un rapport publié au Congrès en août.

Intitulé "Politique et science dans l'administration Bush", ce rapport de 33 pages dresse un réquisitoire contre un gouvernement qui "dans de nombreux cas, a manipulé le processus scientifique et déformé ou supprimé des résultats scientifiques", pour servir les vues des plus conservateurs ou de puissants groupes industriels, affirment ses auteurs.

Le rapport récemment rendu public par le représentant démocrate Henry Waxman, coordinateur de ces travaux, dresse la liste d'une vingtaine de sujets scientifiques où l'administration est, selon les auteurs, intervenue à des fins partisanes.

Il accuse le gouvernement d'avoir "supprimé des informations sur l'utilisation et l'efficacité du préservatif du site internet des CDC", le Centre de contrôle et de prévention des maladies, ou d'avoir modifié les méthodes de calcul "pour faire apparaître comme efficaces les programmes d'incitation à l'abstinence".

"Le seul qui politise la science, c'est le parlementaire Waxman, à travers son rapport partisan de la minorité démocrate", a riposté mercredi le porte-parole de la Maison Blanche, Scott McClellan, interrogé sur le sujet par l'AFP à Crawford (Texas, sud), où séjourne le président George W. Bush.

"Cette administration regarde les faits, passe en revue la science puis prend des décisions, fondées sur ces informations, dans le meilleur intérêt du peuple américain", a-t-il ajouté.

Sur le climat, les auteurs de l'enquête rappellent que "les rapports de l'agence de protection de l'environnement sur les risques du réchauffement climatique ont été supprimés", une décision présentée par la Maison Blanche au printemps comme résultant de l'absence de "consensus scientifique" sur ce sujet.

Le rapport épingle aussi l'administration sur ses choix pour des postes clés dans les domaines de la santé, avec "la nomination de personnes non qualifiées ayant des liens avec les industriels", ou "poursuivant un objectif idéologique".

Les démocrates prennent en exemple la nomination d'"un militant anti-avortement à la tête d'un comité (de réglementation) sur les médicaments liés à la reproduction, qui préconise de lire la bible en cas de règles douloureuses", ou celles de personnes "ayant des liens avec l'industrie du plomb à la tête d'un Comité de l'enfance pour la prévention de l'empoisonnement au plomb".

Le rapport dénonce aussi "des informations trompeuses dans des discours présidentiels", comme l'affirmation de M. Bush, peu après l'interdiction du financement public de la recherche sur les cellules souches, selon laquelle il existe déjà "plus de 60 colonies de cellules souches" disponibles alors que seulement 11 colonies existent à ce jour pour la recherche publique.

Des "interférences avec la recherche scientifique" sont également pointées, comme les avertissements de responsables des National Institutes of Health (NIH) aux chercheurs "devant s'attendre à un examen plus approfondi de leur demande de financement d'étude si elle contient les termes 'homosexuels' ou 'hommes couchant avec d'autres hommes'".

Le rapport note enfin que "l'administration Bush a supprimé des informations importantes sur les problèmes écologiques graves rencontrés au parc national de Yellowstone pour éviter l'attention internationale", et qu'elle a ainsi obtenu son retrait en juillet de la liste du patrimoine mondial en péril de l'Unesco, alors que les problèmes de pollution persistent.

Les auteurs du rapport appellent de leur voeux l'organisation d'auditions sur ce sujet à la Chambre des représentants, un souhait qui devrait être ignoré par l'écrasante majorité républicaine.

© 2003 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés. Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, transmise, rediffusée, traduite, vendue, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP.